Arrêter le tabac est une démarche difficile. L’une des problèmes pour les fumeurs est de soulager les symptômes du sevrage de nicotine, le composant hautement addictif présent dans les cigarettes. La Haute Autorité de Santé préconise l’utilisation de substituts nicotiniques pour un arrêt en douceur. Parmi les plus connus, on trouve le patch de nicotine. Fonctionnement, efficacité, mode d’utilisation, risques… « Le Figaro » fait le point avec le Dr Catherine De Bournonville, médecin pneumologue-tabacologue au CHU de Rennes.

Comment fonctionnent les patchs nicotiniques ?

Le principe d’un patch nicotinique repose sur la délivrance de nicotine à travers la peau afin de diminuer la sensation de manque lors de l’arrêt plus ou moins progressif du tabac. Concrètement, quand on est dépendant à la nicotine, le cerveau envoie un message « d’envie irrépressible » de fumer. Ce besoin physique est comblé par la fixation de nicotine sur des récepteurs nicotiniques du cerveau. Mais avec la cigarette, la stimulation est de courte durée. « En effet, lorsqu’on fume, la nicotine se comporte en shoot ou en dents de scie, c’est-à-dire qu’elle atteint très vite le cerveau, généralement en l’espace de 7 à 10 secondes, soit plus vite qu’une intraveineuse. Et puisque le corps est capable d’éliminer la nicotine très rapidement, l’envie de fumer réapparaît aussi très rapidement » explique le Dr De Bournonville. S’installe alors un cercle vicieux de la dépendance.

Si la nicotine des patchs est la même que celle des cigarettes, elle se distingue néanmoins par deux caractéristiques essentielles : « d’une part il s’agit d’une nicotine purifiée, débarrassée de tous les autres éléments toxiques présents dans la fumée de cigarette. D’autre part, cette nicotine pénètre lentement à travers la peau et arrive de manière régulière et continue dans l’organisme » indique le docteur De Bournonville. Celle-ci précise d’ailleurs qu’avec un patch, « la nicotine atteint les récepteurs du cerveau dans les 20 minutes qui suivent son application, voire 1h à 1h30 après ». Une cinétique aussi lente de délivrance de nicotine permet au cerveau de fonctionner sur un mode stable et pas en dent de scie. Au fil du temps, on pourra réduire la quantité de nicotine en utilisant des patchs de moins en moins concentrés.

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Les patchs nicotiniques sont-ils efficaces ?

Il est tout à fait possible d’arrêter définitivement la cigarette en utilisant seulement des patchs. Cependant, médecins et chercheurs se sont aperçus que le taux de réussite d’un sevrage était plus élevé lorsque les patchs sont associés à d’autres formes orales de nicotine. En effet, une étude menée par Lindsay Stead, chercheuse à l’université d’Oxford, a montré que l’utilisation combinée de plusieurs substituts nicotiniques (patch, spray nasal ou buccal, gomme, pastille, comprimé sublingual, inhalateur) augmentait de 50 à 70% la probabilité d’arrêter de fumer. « Cela signifie que vous multipliez vos chances par 1,5 en utilisant plusieurs substituts là où sans aucune aide, le taux de réussite n’est que de 5% » ajoute le Dr De Bournonville. Pour cette raison, la Haute Autorité de Santé préconise un recours à différentes formes de substituts nicotiniques.

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Où et quand coller son patch ?

De préférence, le patch doit être appliqué sur la peau sèche, propre, à un endroit de faible pilosité (pour une meilleure adhérence), sans plis, et non lésé. Il est également recommandé d’alterner les points d’applications afin de prévenir rougeurs et démangeaisons. « Typiquement, on priorisera la partie supérieure du bras, le haut du dos ou encore la hanche au-dessus de la ceinture » indique le Dr Catherine De Bournonville.

Il faut distinguer deux types de patchs : ceux qui délivrent de la nicotine sur 24h et ceux qui ont une durée de 16h. « Si la personne fume sa première cigarette dans l’heure qui suit le réveil, on prescrira plutôt des patchs de 24h. En effet, en délivrant de la nicotine la nuit, le fumeur aura un taux résiduel le matin ce qui rend plus facile de résister à l’envie de cigarette au lever » explique le Dr De Bournonville. Dans ce cas, le patch doit être appliqué le matin et remplacé le lendemain matin par un nouveau patch que l’on collera sur une autre zone du corps.

Les patchs de 16h, eux, peuvent se retirer au coucher. Ils sont traditionnellement conseillés aux personnes ayant des troubles du sommeil sous patch et aux femmes enceintes car « couper la délivrance de nicotine la nuit permet d’éviter que la nicotine s’accumule dans le liquide amniotique en permanence. »

Quel dosage et quelle durée de traitement?

Pour le Dr De Bournonville, le but du patch est de donner à la personne « la quantité de nicotine dont elle a besoin pour être confortable sans cigarette ». Ainsi, en fonction du nombre de cigarettes que vous fumez par jour, du délai avant la première cigarette au réveil et du type de cigarette que vous consommez (les cigarettes roulées apportant davantage de nicotine et de toxiques que les cigarettes industrielles à quantité égale), le traitement ne sera pas le même. « Une personne qui fume 20 cigarettes par jour va avoir besoin de 20mg de nicotine par jour environ, davantage si elle tire très fort sur ses cigarettes. On va donc choisir un patch qui apporte 21mg de nicotine. Pour des moins gros fumeurs, on choisira des patchs moins dosés », indique le Dr De Bournonville.

Quant à la durée du traitement, elle reste individuelle et variable selon les fumeurs. « La règle est qu’il dure aussi longtemps que nécessaire. En général, il s’étend sur 3 à 6 mois mais il peut être prolongé afin de consolider le fumeur dans le sevrage. » L’objectif étant de diminuer le dosage au fur et à mesure du traitement, un arrêt précoce de l’utilisation de patchs risque de raviver un manque et le sevrage de se solder par un échec. C’est pourquoi, il est important d’avoir un suivi par son médecin ou un autre professionnel de santé: « Le fait d’avoir une substitution nicotinique bien dosée permet d’être plus confortable. De cette manière, l’arrêt du patch, et donc de la consommation de tabac, se fait facilement et parfois même par oubli » ajoute le Dr Catherine De Bournonville.

L’utilisation des patchs est possible à partir de 15 ans. En dessous de cet âge, elle n’est en principe pas recommandée. En effet, si les adolescents sont très sensibles à la nicotine, l’accompagnement à cet âge va privilégier les stratégies visant à combattre ou à empêcher l’installation de la dépendance comportementale (les habitudes) et psychologique (la place et les fonctions que l’on attribue à la cigarette).

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Existe-t-il des effets secondaires ?

De manière générale, le patch est très bien toléré et comporte peu de risques. Il existe néanmoins deux principaux effets liés à son utilisation :

• Des irritations cutanées : « L’application de patchs peut causer des démangeaisons et des rougeurs d’où l’importance de changer de sites d’application d’un jour à l’autre » explique le Dr De Bournonville. Généralement, il s’agit d’une réaction de l’épiderme à la colle. Si une irritation survient, elle disparaît normalement 24 heures après retrait du patch. En revanche, si les symptômes persistent, il faudra se tourner vers un professionnel de santé. « En effet, cela peut être le signe d’une réaction allergique, ce qui conduira à opter pour une autre marque ou bien un autre substitut nicotinique ».
• Une altération du sommeil. Il n’est pas rare que les patchs perturbent le rythme de sommeil : « Le sommeil est plus léger, entrecoupé de micro-réveils, indique le médecin, et souvent on constate une activité de rêves (ou de cauchemars) plus intense ». Des troubles qui sont généralement bien tolérés et qui ne durent pas plus de 15 jours après le début du traitement.

Le dosage correct du patch ne doit pas non plus être négligé pour un traitement efficace. Le choix d’un patch surdosé par rapport aux besoins est exceptionnel, il pourra se manifester par des céphalées, des vertiges, des nausées ou une bouche pâteuse. Un sous-dosage est beaucoup plus fréquent et aura aussi divers effets notamment sur l’humeur comme de la frustration, de l’irritabilité, une augmentation de l’appétit, de l’agacement, de l’agressivité, de l’anxiété voire des comportements dépressifs.

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Quel est le taux de remboursement des patchs ?

Depuis le 1er janvier 2019, la plupart des substituts nicotiniques, dont les patchs, sont remboursés à hauteur de 65% par l’Assurance Maladie, à condition qu’ils soient inscrits sur la liste des produits remboursables, et à 100% si vous êtes en affection de longue durée (ALD). Il n’y a actuellement pas de plafond à ce remboursement (auparavant fixé à 150 euros). Le reste du coût est généralement couvert par les mutuelles bien que le taux diffère d’un organisme à un autre. Ainsi la plupart du temps il n’y a aucune avance de frais. Il est donc financièrement intéressant de demander une ordonnance pour se faire accompagner dans le sevrage nicotinique. « D’ailleurs les médecins généralistes ne sont plus les seuls à pouvoir prescrire des patchs : les infirmiers, kinés, dentistes et sages-femmes sont aussi en capacité légale de le faire », nous informe le Dr De Bournonville.

Mais alors, que penser de la possibilité d’acheter des patchs sans ordonnance en pharmacie ? Pour le Dr De Bournonville c’est une bonne chose que les deux accès, avec ou sans ordonnance, soient possibles. « C’est important que les gens puissent faire les choses en autonomie même si aujourd’hui il semble plus intéressant d’aller consulter afin de se faire rembourser. C’est pour cela que les pharmaciens sont formés à conseiller les personnes pour les encourager dans leur sevrage. ». Il existe aussi des groupes d’entraide comme Je ne fume plus, une association réunissant toute une communauté de gens qui témoignent, soutiennent et partagent leur parcours pour en finir avec le tabac. « Un groupe que je conseille fortement en complément d’un suivi médical » conclut le Dr De Bournonville.

Top 14 combien de temps patch nicotine synthétisé par Phuoc Kieng

Un patch pour arrêter de fumer : Efficacité et conseils dusage

• Auteur: pharmaciengiphar.com
• Date de publication: 09/09/2022
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• Résumé: Le patch diffuse la nicotine sur la durée – jusqu’à 24 heures de diffusion – contrairement aux substituts oraux qui nécessitent des prises …
• Résultats de recherche correspondants: De même, les quantités de nicotine diffusées par le dispositif doivent tenir compte de la sensation de manque, variable d’un individu à l’autre. Votre pharmacien peut vous aider à mettre en œuvre un programme en adéquation avec votre profil et vos …

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