Ils ont joué avec des faux jetons. Ils ont perdu. On n’a pas affaire à des délinquants mais à deux employés, âgées de 53 et 56 ans, d’une entreprise aéronautique, jamais condamnés. La présidente Élisabeth Gadoullet explique, en préambule de l’instruction du dossier, que le tribunal «a été choqué» de voir ce que ces deux personnes bien installées socialement ont réussi à faire pendant plusieurs mois. Rien moins qu’une escroquerie.

Les deux complices ont utilisé un tour à commande numérique de leur entreprise pour usiner de faux jetons utilisables dans une station de lavage automatique de Tarbes. «Ils avaient un vrai jeton comme modèle, facile à reproduire», explique la présidente Gadoullet. L’un a bidouillé un programme et l’autre n’avait plus qu’à lancer le tour pour la fabrication des jetons. Combien ? Au moins une trentaine.

L’escroquerie a été mise à jour grâce au travail d’investigation du propriétaire de la station de lavage. Il n’a pas hésité à planquer de nuit, à visionner les vidéos des caméras de surveillance», à vider toutes les trois heures, les caisses de la station de lavage.

Des faux jetons que dans la piste n° 3

Il a d’abord relevé qu’il ne retrouvait des faux jetons que dans la caisse de la piste n° 3 de lavage, celle la plus éloignée des caméras de surveillance. Il remarque que deux voitures reviennent systématiquement sur la piste n° 3 et qu’ensuite il y retrouve des faux jetons. L’exploitant de la station de lavage communique les numéros d’immatriculation des deux véhicules à la gendarmerie accompagnée des vidéos.

Les gendarmes auditionnent les prévenus. Au départ, ils nient. L’un prétend que c’est sa femme qui a trouvé les jetons dans un garage. L’autre explique que les jetons étaient dans une bourse à la station de lavage. Ils finissent ensuite par reconnaître qu’ils ont fabriqué les jetons et se les sont partagés.

«On s’excuse. On a passé des nuits blanches», indiquent les prévenus. «Le propriétaire aussi, mais lui, il n’y est pour rien», rétorque la présidente Gadoullet.

«Le plus déplaisant dans ce dossier, c’est qu’ils n’aient rien tenté pour rembourser le préjudice – 30 jetons à 2 €, cela fait 60 €- causé à mon client», souligne Me Fillastre, conseil du propriétaire de la station de lavage. Cela leur aurait probablement permis d’éviter une condamnation devant le tribunal.

«Certes, cette affaire est désagréable, mais, à la base, c’est une histoire de gosses, une blague que l’ont fait à deux. Et quand on est pris la main dans le sac, au début, on nie. Ils ont ensuite pris conscience que ce n’est plus une bonne blague mais une escroquerie et aujourd’hui, ils ont honte et pour cette raison, n’ont pas eu le courage d’allier voir le propriétaire», plaide l’avocate des deux prévenus.

Le tribunal les a condamnés chacun à 3.000 € d’amende dont 1.500 € avec sursis, et à verser 60 € de préjudice matériel et 500 € de préjudice moral à la victime.

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• Auteur: flipo29.com
• Date de publication: 12/10/2022
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